le récit complet en image de l’ascension en solo du pic Lénine d’Olivier Charlandie.


Solo au Pic Lénine

(texte et photos : Olivier CHARLANDIE)

photo Olivier au sommet du Pic Lenine





Il est facile de se rendre au Kirghizstan et on peut y découvrir la haute altitude sur le Pic Lénine (7135 m) dans le massif du Pamir Alaï à la frontière avec le Tadjikistan.

Il n’y a pas de droits d’ascension à payer et le pays est vraiment adapté à l’alpinisme ou au cheval dans les diverses chaînes montagneuses du pays (Tian Shan, Alatau, Pamir).

L’ascension du Pic Lénine n’est pas technique et peu crevassée, c’est pourquoi j’ai réalisé ce solo en juillet 2006.

On doit normalement être en possession d’un propusk (permis frontalier) mais je n’ai jamais été contrôlé.

Pour l’obtenir on peut s’adresser à une agence à Bishkek moyennant une dizaine de dollars.

De même on y trouvera des cartouches de gaz pour le réchaud.

Pour le Propusk et le gaz je me suis adressé à l’agence Ak Say Travel et pour le reste (trajet, nourriture, approche, ascension) je me suis débrouillé moi même en ayant quand même appris un peu de Russe avant le voyage.

De Bishkek je me suis rendu à Osh en

Marshroutka (long voyage).


légendes : Drapeau Kirghize – Yourte – Marshroutka Biskek-Osh – Panne, mon sac bleu sur le toit – Marché d’Osh (on y voit les fameux nans)


A Osh j’ai passé une journée pour faire mes courses de nourriture afin d’être autonome pour une quinzaine de jours sur le Pic Lénine .


Mais finalement en 12 jours c’était bouclé ! Sur le marché d’Osh on ne trouvera pas de hyophilisés mais des produits locaux suffisant si on n’est pas difficile: -nan (pains), -kalbaci (fromage en saucisse), -saucisses à la viande de poulet, -soupes chinoises, -bonbons, -« tang » pour l’eau, -boulettes du kurut (fromage salé séché), -boites de thon et sardines, -sucre, thé, sel -raisins et abricots secs -margarine, -halva (gâteau de semoule/pistache/sucre), -biscuits divers J’avais également emporté avec moi depuis la France : semoule, céréales, soupes, carambars. Une fois mon sac prêt à Osh j’ai trouvé une autre Marshroutka qui prend la route pour le Tadjikistan (la M41 pour Karakul via le Kyzyl Art Pass) et je me suis fait déposé à.Sark Moghol.

Depuis ce village le pic Lénine est bien visible : voir la photo ci-dessus A Sark Moghol, je me suis mis à rechercher un cheval pour faire l’approche du camp de base mais ne trouvant pas, ou alors à un prix que je jugeais trop élevé, j’ai commencé l’approche à pied avec mes 40 kg sur le dos…


C’est là que la chance m’a sourit en me faisant croiser la LADA d’un groupe d’hommes qui descendaient du CB. Ils ont là haut des yourtes où ils passent la saison et des chevaux qu’ils proposent aux alpinistes pour approcher le camp 1 et porter leurs affaires. Après discussion et avoir sympathisé, je suis finalement invité à monter dans la LADA pour revenir à Sark Moghol où je suis invité par la famille.



 

Invité à Sark Moghol


Pour un prix réduit je serais invité à dormir et à manger à la fois dans leur maison de Sark Moghol ce soir et au retour mais aussi dans leur yourte du CB après nous y être rendu avec la LADA.

Approche du CB (séchage et nettoyage des bougies de la LADA dans la poussière)

Le trajet d’approche en voiture est superbe, nous rendons visite à d’autres yourtes isolées pour les ravitailler puis finalement nous arrivons au Camp de base où je revois des visages occidentaux.

Mais pour cette soirée je me préoccupe plutôt de sympathiser avec toute la famille qui est très accueillante.




Approche C1

 

Du CB au Camp 1 je porte mon sac qui pèse bien lourd mais un bon sentier et mes bâtons facilitent la tâche. Le paysage est superbe et le Pic Lénine se rapproche.

Au camp 1, je monte mon unique tente et prépare un sac que je porterais le lendemain au C2 et que je laisserais en dépôt (vivres , matériels et vêtements).

La montée au C2 est la seule partie qui présente quelques crevasses qui s’ouvrent sur le trajet, délicat surtout lorsqu’on est en solo.


Montée au C2

 

Mais je sympathise avec des polonais qui m’acceptent sur leur corde pour rejoindre le C2 sans soucis.Le C2 est assez encombré car l’espace est limité pour les tentes.

Ce camp est en plus exposé à des chutes de pierres selon l’endroit où l’on place sa tente.

J’ai vu de grosses pierres traverser le camp mais il n’y a heureusement pas eu d’accident.

Au camp 2, je laisse mes affaires en dépôt sous l’auvent d’une tente et redescends au C1 après avoir expliqué à leurs occupants que je remonterais le lendemain avec ma propre tente et récupérerais le dépôt.

Le matin suivant, après une dernière nuit au C1 je plie mes affaires et monte m’installer au Camp 2 .A partir de là je ne redescendrais plus en dessous du Camp 2 et je procèderais de même (dépots) pour le Camp 3 (6100m) en y effectuant d’abord une première montée à vide pour m’acclimater puis une autre pour le dépôt et aller explorer un peu plus haut sur l’arête (afin de m’acclimater encore) avant de rentrer au C2 pour tenter enfin le sommet.

Mais la chance va tourner et je serais bloqué quatre jours au camp 2 à cause d’une gastro durant 2 jours (dûe à mes saucisses qui n’ont pas supporté la chaleur entre Osh et le CB) suivie d’une tempête de neige de 2 jours également.

Dès que le beau temps revient après ces quatre jours à patienter sous la tente je décide alors de tenter l’ascension jusqu’au sommet d’une seule traite à partir du camp 2 sans dormir au Camp 3.

En effet cette attente à bien entamé mes vivres (dur de se rationner quand on est gourmand !) et je me sens en pleine forme.

Et puis il faut sans doute profiter de la fenêtre météo tant qu’elle est ouverte !

Malgré la neige fraîche à brasser et les 1800m de dénivelé jusqu’au sommet je me lance dès le lever du jour.

 

 

Camp 3 ( 6100 m) avant la chute de neige

 

Plus haut, vue sur le dôme du Radzelnaya où l’on voit les petites tentes du C3.

Sur la large arête qui faite suite à la descente du dôme Radzelnaya (où se trouve le C3) le vent à chassé la neige fraîche et je progresse plus facilement.

Il fait très froid mais les pieds et les mains sont bien réchauffés car je marche déjà depuis un bon bout de temps !

Un peu plus haut, une bouteille d’O2 balise le chemin !

Je suis totalement seul aujourd’hui au dessus du C3. Quelques alpinistes ont emprunté mes traces pour aller du C2 au C3.

Cette montagne est facile techniquement , c’est de la marche avec quelques passages courts à 35°/40° mais qu’est ce que c’est long !!!

L’arête est interminable et il ne faut se concentrer que sur les quelques mètres devant soit sous peine de se décourager.


Vue sur le Pamir du Tadjikistan.


C’est vraiment très grisant de sentir le manque d’oxygène et de voir comment le corps est obligé de suivre : respiration plus courte, cœur battant la chamade, allure ralentie, sentiment d’être « ailleurs » dans un monde très pur. Sensations accrues par le fait que je suis le seul en ce moment à tenter le sommet.

Serait-ce enfin le sommet ?

A un moment donné je crois être tout prêt du sommet mais il y aura encore un grand champ de neige à traverser vers 7000m avant d’arriver.

Ce champ de neige m’oblige à nouveau à brasser la neige fraîche et j’ai l’impression de mettre une éternité pour arriver au sommet.